Henri Blocher
Les « intellectuels » constituent en France, une strate non négligeable de la société : on les reconnaît, ou, plutôt, ils se reconnaissent mutuellement, par le goût qu’ils ont du débat des idées, par la profession qu’ils font de penser en rapport souvent avec leur profession au sens ordinaire ; par leur dette envers un héritage qu’on estime plus riche et plus brillant qu’ailleurs.
I. Motifs de la prière
La tentation est grande d’oublier dans la prière les intellectuels français. Comme les princes le paraissaient aux pauvres chrétiens du IIe siècle, ils semblent inaccessibles à tout appel évangélique. Tellement brillants, tellement orgueilleux dans leur critique de toute naïveté, tellement désinvoltes dans leurs pirouettes dialectiques, habités d’un esprit de révolte !
Mais comme Paul le fait pour les princes, il faut rappeler le désir qu’a Dieu de sauver tous les hommes : des hommes de toute disposition et condition (1 Timothée 2.1-4).
Cette volonté divine nous mobilise dans la prière.
L’exemple de Paul nous montre d’ailleurs que Dieu sauve bel et bien des intellectuels. En Actes 17, la prédication inspirée de l’apôtre au Grand Conseil d’Athènes, et la France fait figure d’Athènes en notre monde, conduit à la conversion de plusieurs, dont le fameux Denys (il était chez nous, membre de l’Académie française) !
La compassion doit nous pousser. Dans leur révolte même, les intellectuels français sont les victimes d’une formation qui leur rend difficile la foi. On leur a inculqué la réserve, le retrait et l’horreur des Guerres de Religions pourraient bien être à l’origine de cette attitude caractéristique.
L’éclat même de l’ironie est chez eux la politique du désespoir.
L’influence des intellectuels français dans le monde fournit un motif de plus. Les deux « vagues » les plus fortes de la période récente, le structuralisme et le postmodernisme (ou la déconstruction) sont en grandes parties issues de France. Si l’Esprit de Dieu agit puissamment parmi les intellectuels français, le rayonnement en passera nos frontières !
II. Intentions de prière
Sur quels objectifs plus particuliers, « stratégiques », convient-il de concentrer La prière ?
Dieu se sert de moyens, sans se limiter aux moyens, toujours déficients, que nous mettons à son service. Demandons-Lui d’abord de rendre nos moyens plus adéquats : de susciter des témoins de l’Évangile capables d’attirer et de retenir l’attention des intellectuels par la qualité de leur présentation. Qualité de forme(les Français y sont sensibles) et du fond. Si Dieu nous accordait un C.S. Lewis français… Les mouvements d’étudiants (GBU, Agapé, etc.) et les éditeurs doivent être particulièrement présents dans cette prière.
D’après les publications assez récentes, une réaction de santé se dessine chez les intellectuels de la génération montante contre les extrêmes d’immoralisme, d’antichristianisme, de nihilisme qui ont prédominé à l’époque précédente. Prions pour que ce mouvement s’amplifie et se consolide, pour que l’intérêt pour la Bible se confirme et ne s’égare pas dans des théories mensongères, dont les médias favorisent la provocation.
Demandons encore des conversions d’individus hautement doués,susceptibles d’en entraîner un grand nombre à leur suite. Dans des générations passées, des conversions spectaculaires ont frappé l’opinion, comme celle de Paul Claudel ou d’André Frossard. Ces convertis ne connaissaient du christianisme, que le visage catholique : l’existence d’un christianisme évangélique est aujourd’hui mieux connue, malgré les caricatures ; les séjours dans des pays où les évangéliques sont nombreux offrent des occasions aux intellectuels français (quelques-uns ont été touchés par ce moyen et devraient devenir les prémices d’une multitude).
Enfin, il semble urgent de prier contre : la séduction de spiritualités vénéneuses, qui ont pourtant du succès. Le bouddhisme, en particulier, en dépit d’équivoque et de contresens considérables, attire des intellectuels.
Que le seigneur restaure un véritable esprit critique, ennemi de la crédulité et ouvert à la lumière de la foi.